lundi, juillet 04, 2005

Flamant et flamande


Philippe Meyer,
Esprits animaux, Du futur faisons table rase, Chroniques 3
Heureux habitants de la Guyane et des autres départements français, après avoir connu bien des vicissitudes, des déboires, des misères, des accidents, des erreurs, des contrariétés et de l'agitation, l'Opéra de Paris, tant au palais Garnier qu'à la Bastille, retrouve aujourd'hui, sous l'experte houlette de son directeur, M. Hugues Gall, sa place parmi les grandes scènes internationales. Tous les amateurs d'art lyrique s'en réjouissent, mais mesurent-ils quelle combinaison de talents il a fallu au nouveau directeur de l'Opéra de Paris pour réussir en si peu de mois un redressement aussi radical? Moi-même, qui fréquente avec assiduité les établissements où l'on pousse le contre-ut, je croyais avoir une idée des vertus de M. Gall mais, en lisant un quotidien britannique, je me suis aperçu que mon admiration était très en dessous de la réalité.Le Royal Opera House de Londres, plus connu sous le nom de Covent Garden, connaît en effet des difficultés qui, si elles ne sont pas comparables à celles que connut naguère notre Opéra Bastille, n'en sont pas moins sérieuses et le conseil d'administration cherche un nouveau directeur. Aucune candidature n'ayant été jugée à la hauteur de la tâche, les administrateurs de Covent Garden ont pris leur chapeau melon et leur parapluie et s'en sont allés proposer le job à des responsables d'opéra considérés comme au sommet de leur profession. Ils n'ont essuyé que des refus. Aussi se sont-ils réunis à nouveau et, en désespoir de cause, ils ont décidé de faire appel à l'une des plus réputées parmi les agences de chasseurs de têtes à laquelle ils ont confié l'inventaire de leurs difficultés afin qu'elle leur déniche quelques personnes susceptibles de les résoudre, parmi lesquelles le conseil d'administration choisirait le futur directeur du Royal Opera House.Après quelques semaines d'investigations et d'entretiens, les chasseurs de tête sont revenus et ont déclaré aux administrateurs de Covent Garden qu'à leur grand désespoir ils n'avaient trouvé qu'un seul candidat à la hauteur des problèmes à résoudre. Il s'agirait de monsieur Jonathan Gripps, qui exerce la profession, à Londres, de directeur de zoo.Je vous souhaite le bonjour.Nous vivons une époque moderne.
30 avril 1996
Huile sur toile, 30x40 cm